MODULE 1 : Que nous apportent les médicaments ?
Aperçu du module
Il est très facile de tenir les médicaments pour acquis. Lorsque les gens remettent en question le prix des médicaments, il est important de leur souligner et de leur rappeler la valeur des médicaments et des vaccins modernes – de quelle manière ils améliorent la vie, préviennent et traitent les maladies, augmentent la longévité et assurent une meilleure qualité de vie même aux personnes atteintes d’une maladie chronique.
Ce module présente un aperçu de ces avantages, notamment :
- L’augmentation de l’espérance de vie
- La diminution de la mortalité et des maladies chez les enfants
- Les changements dans les causes de décès
- Les effets de l’augmentation de la longévité
- Les avantages globaux des médicaments pour la santé et la société
- L’impact des nouveaux médicaments dans les principaux domaines thérapeutiques
- Un retour à l’année 1960
- Les leçons à tirer de l’année 1960
Objectifs du module
Fournir de l’information et des données pour vous rappeler, à vous et aux personnes avec qui vous interagissez, les grands avantages des médicaments et des vaccins pour les individus, les familles et la société. Cette information constitue une base importante permettant aux gens de comprendre et de tenir compte de la valeur des médicaments, non pas uniquement de leur prix.
Au terme de ce module, vous serez en mesure :
- de décrire les améliorations quant à l’espérance de vie au Canada et de comprendre les répercussions de ces améliorations;
- d’expliquer les avantages que procurent les nouveaux médicaments dans des champs thérapeutiques; et
- de discuter des importants changements qui sont survenus dans le secteur des soins de santé depuis 1960.
Augmentation de l’espérance de vie
Le groupe d’âge ayant connu la plus forte croissance au Canada est celui des personnes âgées de plus de 100 ans. Dans le court intervalle de cinq ans séparant deux recensements au Canada, le nombre de centenaires a augmenté de 40 %. Il s’agit d’une amélioration pour le moins remarquable.
En 1921, l’espérance de vie moyenne au Canada était de 57,1 ans. Quatre-vingt-dix ans plus tard, en 2011, elle atteignait 81,7 ans, soit une augmentation de 24,6 ans ou de presque 45 %. Près de la moitié de cette augmentation a été enregistrée entre 1921 et 1951, en raison surtout de la réduction de la mortalité infantile qui, elle-même, était due à des progrès majeurs dans les domaines de la santé et de l’hygiène, à un approvisionnement alimentaire plus sûr et de meilleure qualité, et à la capacité de traiter les infections banales grâce au développement de la pénicilline et d’autres médicaments. Depuis 1951, la hausse de l’espérance de vie est en majeure partie attribuable à l’amélioration de la capacité à traiter les maladies de l’appareil circulatoire, surtout grâce à la mise au point de nouveaux médicaments plus efficaces dans le traitement à la fois des facteurs de risque cardiovasculaires et des affections elles-mêmes. Une vaccination accrue visant à prévenir un plus grand nombre de maladies a également joué un rôle important dans l’amélioration de la santé générale de la population.
Au cours de leur existence, les Canadiens de plus de 55 ans ont vu l’espérance de vie augmenter de plus de 11 ans, passant de 71 ans en 1960 à 82 ans en 2015 (voir le graphique ci-dessous). L’espérance de vie au Canada devrait continuer à progresser. Il est prévu que d’ici 2030, elle atteigne 86,0 ans chez les femmes et 81,9 ans chez les hommes.
Les chiffres ne s’améliorent pas uniquement parce que la mortalité infantile est moins élevée. Nous pouvons espérer vivre plus longtemps à toutes les étapes de la vie. En 1921, le Canadien moyen qui atteignait l’âge de 55 ans pouvait s’attendre à vivre jusqu’à 75 ans. Aujourd’hui, une personne de 55 ans peut s’attendre à vivre jusqu’à 84 ans, soit une augmentation importante de neuf ans, mais qui a des répercussions majeures sur notre système de santé.
Diminution de la mortalité et des maladies chez les enfants
Comme il a été mentionné ci-dessus, l’une des principales causes de l’augmentation de l’espérance de vie au cours de la première moitié du XXe siècle a été la baisse de la mortalité infantile. En 1901, le taux de mortalité infantile au Canada était de 134 décès pour 1 000 naissances; autrement dit, environ 1 nouveau-né sur 7 mourait au cours de sa première année de vie. À la fin du XXe siècle, le taux avait diminué de 95 % pour s’établir à 5,5 pour 1 000.
La mise au point de nouveaux vaccins durant la deuxième moitié du XXe siècle a eu un effet spectaculaire sur le nombre et l’impact des maladies infantiles. En 1953, avant l’arrivée sur le marché du premier vaccin contre la poliomyélite, 9 000 cas de cette maladie virale ont été signalés au Canada, touchant majoritairement des enfants et ayant souvent des effets dévastateurs comme une paralysie ou une difformité des membres, une difficulté à respirer ou la mort. Douze ans plus tard, après l’arrivée du vaccin, seulement trois cas ont été signalés et, en 1968, aucun cas de poliovirus sauvage n’a été signalé au Canada. Grâce aux vaccins, la maladie a été éradiquée au Canada, comme la variole avant elle.
Avant l’arrivée sur le marché du vaccin contre la rougeole en 1963, on relevait entre 300 000 et 400 000 cas de rougeole par année au Canada. En 2016, seulement 11 cas ont été signalés au pays. Grâce à l’arrivée du vaccin contre la rubéole en 1969, la fréquence de la maladie a diminué de 60 000 cas par année.
Avec l’arrivée du vaccin combiné ROR (rougeole, oreillons et rubéole) en 1983, les cas de rubéole sont passés de 5 300 par année, de 1971 à 1982, à moins de 30 par année, de 1988 à 1994. En 2016, un seul cas de rubéole a été signalé au Canada, mais les 30 cas d’oreillons signalés à Toronto de même que les petites éruptions de cas dans différentes villes ont fait les manchettes en raison de la rareté de cette maladie de nos jours.
Il est important de réaliser les grands bienfaits des vaccins pour la santé publique.
Changements dans les causes de décès
Au cours du siècle dernier, la mise au point de nouveaux médicaments et l’amélioration de la santé publique ont entraîné d’importants changements dans le nombre et la cause des décès. En 2012, un article de la revue The New England Journal of Medicine a comparé le nombre et les causes des décès aux États-Unis entre 1900 et 2010 (voir le graphique ci-dessous).
Le nombre réel de décès pour 100 000 habitants a baissé de presque la moitié, passant de 1 100 en 1900 à 600 en 2010. En 1900, les trois principales causes de décès – la pneumonie ou la grippe, la tuberculose et les infections gastro-intestinales – sont devenues en 2010 des causes de décès relativement mineures grâce en grande partie aux vaccins permettant de les prévenir et aux médicaments utilisés pour les traiter. Les deux principales causes de mortalité qui ont pris beaucoup d’ampleur sont les premières causes de mortalité aujourd’hui – les maladies cardiaques et le cancer. Bien que la maladie cérébrovasculaire (accident vasculaire cérébral) soit encore une cause importante de décès (la troisième au Canada), le nombre de décès dont elle est la cause a fortement diminué (de plus de moitié) depuis 1900.
Nombre et causes des décès pour 100 000 habitants aux États-Unis, en 1900 par rapport à 2010
Au Canada, le cancer est maintenant la principale cause de décès. Selon des statistiques publiées en 2017 au sujet des décès survenus en 2013, le cancer était responsable de 3 décès sur 10 (29,8 %). Viennent au deuxième rang, les maladies cardiaques avec 1 décès sur 5 (19,8 %), suivies des maladies cérébrovasculaires (accident vasculaire cérébral) (5,3 %), des maladies chroniques des voies respiratoires inférieures (4,7 %), des accidents (4,5 %) et du diabète (2,8 %). Plus récemment, en 2000, les maladies cardiaques ainsi que les accidents vasculaires cérébraux ont causé plus de décès que le cancer (32,4 % par rapport à 28,7 %).
Quels changements dans les causes de décès observera-t-on au cours des 50 ou 100 prochaines années? Les nouveaux médicaments permettront-ils de résoudre les énigmes du cancer et des maladies cardiaques?
Effets de l’augmentation de la longévité
La hausse des cancers et des maladies cardiaques comme principales causes de mortalité dissimule les grands progrès réalisés dans le traitement de ces maladies. Un plus grand nombre de personnes vivent assez longtemps pour être atteintes d’un cancer ou d’une maladie cardiaque au lieu de mourir jeunes d’une infection ou d’une maladie infectieuse. En outre, une plus grande longévité augmente le risque de maladies chroniques, comme les maladies pulmonaires ou respiratoires et le diabète, dont la fréquence est plus élevée chez les personnes âgées.
Le nombre de Canadiens atteints du diabète était de 3,4 millions en 2015, ce qui représente 9,3 % de la population, et devrait atteindre 5 millions d’ici 2025. Une étude a montré qu’en Ontario, le taux de prévalence du diabète a augmenté de 69 % entre 1995 et 2005.
Le diabète et d’autres maladies chroniques – avec lesquelles, grâce en grande partie aux médicaments, les personnes atteintes peuvent vivre pendant plusieurs décennies en étant relativement en bonne santé – imposent un fardeau nouveau et différent au système de santé. Alors que, dans le passé, les gens avaient tendance à consulter le médecin ou à se rendre à l’hôpital seulement s’ils souffraient d’une infection ou d’une maladie, de nos jours les professionnels de la santé consacrent de plus en plus de temps à prévenir et à traiter des maladies chroniques comme le diabète, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et autres affections respiratoires, ainsi que l’insuffisance cardiaque. Mis à part les cas d’obstétrique, la MPOC est la première cause d’hospitalisation au Canada et l’insuffisance cardiaque, la quatrième, quoique l’insuffisance cardiaque se classe au second rang chez les Canadiens de plus de 65 ans (les deuxième et troisième causes, tous patients confondus, sont la crise cardiaque et la pneumonie).
L’alimentation et le mode de vie contribuent également à une épidémie d’obésité au Canada, dont les répercussions actuelles et futures sur le système de santé sont importantes, surtout comparativement à il y a 50 ans où l’obésité n’était pas vraiment un problème. Depuis 1980, le taux d’obésité au Canada a doublé chez les adultes, et triplé chez les enfants. Le Canada occupe, parmi les pays industrialisés, le cinquième rang en matière d’obésité chez les adultes, et le sixième rang en matière d’obésité chez les enfants.
L’obésité coûte au Canada de 4,6 à 7,1 milliards de dollars par an en soins de santé et en perte de productivité. Pour mettre les choses en perspective, précisons que le coût de l’obésité représente à lui seul près de la moitié des dépenses totales en médicaments du secteur public au Canada (12,5 milliards de dollars en 2014). Cependant, on entend davantage parler de la nécessité de de réduire les coûts des médicaments que de la nécessité de diminuer les coûts du système de santé en réduisant les taux d’obésité ou les autres activités qui augmentent les dépenses dans le secteur de la santé.
Avantages globaux des médicaments pour la santé et la société
Il est très facile de tenir pour acquis les avantages globaux des médicaments pour la santé et la société. Cependant, les avantages sont énormes pour tout un éventail de problèmes de santé. Si on se sent abattu à cause d’un mal de tête, on prend un comprimé en vente libre, bon marché afin de terminer sa journée de travail ou de profiter d’une journée de congé. Quand on souffre d’une maladie qui perturbe la vie comme la maladie de Crohn, les médicaments permettent de bénéficier de longues périodes sans symptômes graves et de réduire la nécessité de recourir à une chirurgie intestinale invalidante. Lorsqu’on souffre d’une maladie potentiellement mortelle comme le cancer, les médicaments peuvent littéralement sauver la vie.
La société opte pour les médicaments comme première et meilleure solution pour faire face à de nombreux défis en santé. Lorsque de nouvelles menaces surgissent, comme le SRAS ou le virus Ebola, la recherche de traitements et de vaccins est rapidement entreprise une fois que les mesures de santé publique ont été déployées. De nouveaux médicaments ont été essentiels afin d’inverser la tendance de l’épidémie mortelle de VIH/SIDA qui sévissait au début des années 1990.
Les chercheurs peuvent souvent trouver de nouvelles utilisations pour d’anciens médicaments qui se révèlent très bénéfiques. La thalidomide, un médicament qui, il y a 60 ans, a nécessité la mise en place d’un système de réglementation des médicaments rigoureux et efficace après avoir causé des anomalies congénitales chez les enfants des mères l’ayant utilisé pour combattre les nausées matinales durant leur grossesse, est maintenant utilisée comme traitement efficace du myélome multiple, une forme de leucémie.
Les médicaments contribuent de façon cruciale à réduire les coûts globaux des soins de santé en prévenant les hospitalisations ou la nécessité de recourir à d’autres interventions médicales. Ils aident également à réduire les pertes de productivité attribuables aux maladies en permettant aux personnes de se rétablir et de reprendre le travail, ou de ne pas s’absenter du travail. Une étude menée par le Conference Board du Canada sur seulement six catégories de médicaments (inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, statines, biguanides, modificateurs de la réponse biologique, corticostéroïdes en inhalation et produits d’abandon du tabac sur ordonnance ne contenant pas de nicotine) a montré qu’en un an, les dépenses de 1,22 milliard de dollars consacrées par l’Ontario à ces traitements ont permis des avantages compensatoires pour la santé et la société atteignant 2,44 milliards de dollars, soit un rapport de deux pour un.
Selon une prévision du Conference Board du Canada, ce rapport continuera à augmenter pour ces six catégories de médicaments jusqu’en 2030 où il sera de cinq pour un pour quatre de ces catégories. Les auteurs du rapport concluent : « Les investissements servant à favoriser l’innovation pharmaceutique doivent être considérés dans une perspective à long terme, car leur rendement augmente avec le temps. »
Il est clair que, dans les années à venir, l’innovation pharmaceutique se poursuivra afin de permettre aux Canadiens de bénéficier de nouveaux traitements. Selon un rapport d’IQVIA, à l’avant-garde de l’innovation au cours des prochaines années se trouveront les médicaments dotés d’un nouveau mode d’action qui agiront sur les processus pathologiques sous-jacents ou ceux dont le mode d’action qui s’est révélé efficace pour traiter une maladie servira à en traiter une autre. On s’attend à ce que de nombreux nouveaux traitements soient développés grâce à une meilleure compréhension des causes profondes de l’inflammation et de la réponse immunitaire, comme les nouveaux traitements conçus pour s’attaquer aux problèmes de la résistance aux antimicrobiens. Il y a également de l’espoir pour de nouveaux traitements pour les maladies chroniques de longue durée comme la maladie d’Alzheimer et l’athérosclérose qui touchent un nombre élevé et croissant de personnes et engendrent des coûts importants pour le système de santé.
L’avenir de l’innovation pharmaceutique et des avantages qu’elle procurera aux patients et au système de santé est très prometteur.
Impact des nouveaux médicaments dans les principaux domaines thérapeutiques
De nouveaux types de médicaments ont eu un énorme impact sur la capacité à traiter efficacement, et parfois à éliminer ou à guérir, un large éventail de maladies et de conditions médicales. Les progrès majeurs réalisés au cours des 20 dernières années dans le traitement de maladies importantes ont été documentés dans certains projets de recherche d’envergure et nous espérons que ces derniers auront des suites dans un avenir rapproché. Voici certaines de ces catégories de maladies.
Maladies et troubles cardiovasculaires
Les médicaments ainsi que l’éducation prônant des modes de vie plus sains ont joué un rôle majeur dans la baisse substantielle du taux de mortalité attribuable à de nombreux troubles et maladies cardiovasculaires. Au Canada, le taux de mortalité attribuable aux maladies de l’appareil circulatoire est passé de 584 décès pour 100 000 habitants en 1960 à 131 décès en 2009, soit une réduction totale de plus de 77 % et une réduction moyenne de 3 % par année. Seule l’Australie a réussi à obtenir une réduction plus importante du taux de mortalité, soit une baisse moyenne de 3,3 % par année.
De nouvelles classes thérapeutiques lancées en 1990 et en 2000 pour maîtriser l’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle, des facteurs de risque importants des maladies cardiovasculaires, ont considérablement aidé un plus grand nombre de Canadiens à maîtriser ces conditions médicales. Par exemple, entre 1994 et 2003 (une période de 10 ans au cours de laquelle de nombreux nouveaux traitements contre l’hypertension artérielle ont été lancés sur le marché, y compris des médicaments à prise uniquotidienne), le pourcentage de Canadiens présentant une hypertension artérielle non traitée a diminué de plus de la moitié, passant de 32 % à 15 %.
Selon une étude menée en 2005, chaque décès évité par le traitement d’un patient atteint de coronaropathie a contribué à 7,5 années supplémentaires de vie, alors que chaque décès évité par la modification des facteurs de risque (principalement le tabagisme, la maîtrise de la tension artérielle et de la cholestérolémie) a contribué à 20 années supplémentaires de vie. Dans l’ensemble, la modification des facteurs de risque représente de 55 à 60 % de la baisse de la mortalité, mais près de 80 % des années de vie gagnées.
De nouveaux médicaments ont permis aux Canadiens de traiter plus facilement les facteurs de risque cardiovasculaires majeurs, comme l’hypertension et l’hypercholestérolémie, y compris de nouveaux médicaments qui ont moins d’effets secondaires et qui permettent l’administration facile d’une dose monoquotidienne. Des études marquantes, qui ont été menées par des sociétés pharmaceutiques dans le but d’étudier ces nouveaux traitements, ont conduit à des découvertes importantes. Par exemple, l’étude 4 S (Scandinavian Simvastatin Survival Study), réalisée dans les années 1990, a mis en évidence le lien entre la baisse du taux de cholestérol à l’aide de la simvastatine (une statine) et la réduction de la mortalité et de la morbidité. D’autres études marquantes, comme l’étude ASCOT-LLA sur l’atorvastatine, ont révélé des résultats similaires.
Polyarthrite rhumatoïde
La polyarthrite rhumatoïde (PR) – une maladie distincte et très différente de l’arthrose qui est généralement causée par l’usure et l’inflammation des articulations – est un trouble auto-immun général qui provoque une inflammation chronique des articulations ainsi que d’autres organes.
Si elle n’est pas maîtrisée, la PR est généralement une maladie évolutive caractérisée par l’enflure des articulations, la douleur et la destruction articulaire qui peuvent entraîner une incapacité et réduire l’espérance de vie.
L’arrivée sur le marché des inhibiteurs biologiques du TNF (facteur de nécrose tumorale) utilisés dans le traitement de la PR au cours des 15 dernières années a procuré un grand bienfait aux patients en atténuant la douleur et l’incapacité et en permettant à un plus grand nombre de patients de mener une vie plus normale et plus productive. Dans certains cas, ces nouveaux traitements ont permis d’obtenir une rémission.
De plus, les médicaments biologiques ont permis de recourir moins souvent à des interventions thérapeutiques lourdes afin d’aider les personnes atteintes de PR. D’après une étude américaine, le nombre total d’arthroplasties de la hanche a doublé et celui d’arthroplasties du genou a triplé aux États-Unis, entre 1993 et 2008, en raison de divers facteurs, notamment le vieillissement des baby-boomers, la hausse dans la pratique d’exercices à fort impact comme la course et une réticence croissante des gens à vivre avec la douleur et l’incapacité causées par l’arthrose. Cependant, après l’arrivée sur le marché de trois traitements biologiques novateurs (inhibiteurs du TNF), il y a eu une réduction de 32 % et de 24 % de la polyarthrite rhumatoïde comme principale cause des arthroplasties totales du genou et des arthroplasties totales de la hanche, respectivement.
Affections gastro-intestinales
L’un des motifs les plus fréquents de recours à une chirurgie au Canada dans les années 1960 était l’ulcère gastro-duodénal. Dans les années 1970, la mise au point des antagonistes des récepteurs H2 a radicalement diminué la nécessité d’une chirurgie tout en permettant d’obtenir de meilleurs résultats thérapeutiques. Dans les années 1980, la découverte du rôle joué par la bactérie H. pylori dans l’apparition de l’ulcère gastrique a permis l’utilisation des antibiotiques comme simple traitement de nombreux cas d’ulcères, ce qui a rendu le traitement chirurgical relativement rare.
La mise au point des médicaments biologiques pour le traitement des maladies inflammatoires de l’intestin (notamment la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse) a eu un impact positif considérable pour les personnes atteintes en leur permettant d’avoir une vie beaucoup plus normale et, dans de nombreux cas, en évitant une ablation de parties de l’intestin avec des conséquences en terme de qualité de vie. Le Canada a l’un des taux les plus élevés de ces maladies dans le monde.
Diabète
Avant la découverte et la mise au point de l’insuline au Canada dans les années 1920, le diabète était une maladie mortelle. Le fait de mieux comprendre la maladie et de différencier le diabète de type 1 du diabète de type 2 a permis de mettre au point plus de traitements dont plusieurs ralentissent la progression de la forme de type 2 au stade précoce afin de retarder le recours à l’insuline chez de nombreux patients. Dans les années 1970 et 1980, des développements particulièrement importants ont été les techniques servant à mesurer le taux de glucose dans le sang et les médicaments permettant d’abaisser ce taux. Les traitements plus récents facilitent la prise en charge du diabète par le patient en diminuant la fréquence d’administration et en simplifiant le mode d’administration du médicament, ce qui favorise l’observance du traitement et, ultimement, améliore les résultats thérapeutiques.
Problèmes de santé mentale
Bien que les problèmes de santé mentale imposent toujours un très lourd fardeau et fassent encore l’objet de préjugés dans notre société, leur traitement a été profondément modifié et amélioré grâce à l’arrivée de nombreuses nouvelles classes de médicaments au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Alors que la société s’efforce de mieux comprendre la complexité des problèmes de santé mentale et le besoin d’empathie des personnes qui en souffrent, les médicaments peuvent jouer un rôle important en permettant de stabiliser les patients et, dans certains cas, de réduire le recours à des interventions agressives. On dispose maintenant d’importantes classes de médicaments pour traiter efficacement les affections fréquentes associées à la dépression, à l’anxiété et aux psychoses, ce qui fait une différence vitale dans la vie des patients.
VIH/SIDA
Dans les années 1980, l’apparition soudaine de maladies liées au système immunitaire, mystérieuses et incurables, a été perçue comme un terrible fléau qui allait faucher un nombre incalculable de victimes et accaparer lourdement les ressources du système de santé. Au Canada, les deux premiers décès attribuables à cette mystérieuse affection ont été signalés en 1980 et le nombre des décès n’a cessé de croître au cours des 15 années suivantes.
Au début, on ne connaissait pas la cause de ce qu’on appelait alors le « syndrome d’immunodéficience acquise » (SIDA). Toutefois, la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le virus causant le SIDA, a rapidement permis la mise au point de traitements efficaces qui ont fait leur apparition en 1995, bientôt suivis par l’arrivée des « cocktails » de médicaments ou traitements antirétroviraux hautement actifs (highly active antiretroviral therapy [HAART]).
L’impact a été considérable. Au Canada, le nombre de décès dus au SIDA a culminé à 1 516 (soit plus de quatre décès par jour) en 1995, l’année où le premier traitement efficace a été mis sur le marché. À peine deux ans plus tard, le nombre avait chuté des deux tiers pour passer à 501 puis, dix ans plus tard, en 2005, à 113. En 2013, seulement 31 décès dus au SIDA ont été signalés au Canada.
Bien qu’elle soit encore un problème de santé important, l’infection par le VIH est maintenant une affection chronique qui se soigne très bien au Canada et ailleurs dans le monde grâce à la disponibilité et à l’accessibilité généralement efficace des traitements médicamenteux.
Hépatite C
L’hépatite C est causée par un virus et se transmet par le sang et d’autres liquides organiques. Le virus peut être présent dans le corps pendant une longue période sans provoquer de symptômes importants, mais causera presque inévitablement des lésions et une maladie au foie. Lorsque l’atteinte hépatique s’aggrave, le seul traitement est une greffe de foie. En revanche, de nouveaux traitements antiviraux se sont révélés efficaces pour éliminer l’hépatite C chez la plupart des patients traités et pour les guérir efficacement. Non seulement ces traitements préviennent les lésions hépatiques chez le patient traité, mais aussi ils empêchent la propagation de l’infection.
Cancer
Même si le cancer est devenu la principale cause de mortalité au Canada, comme on l’a mentionné ci-dessus, cela vient du fait que les Canadiens vivent plus longtemps et qu’il y a diminution des taux de mortalité attribuable à d’autres causes, comme les troubles cardiovasculaires. Selon la Société canadienne du cancer, un Canadien sur deux recevra un diagnostic de cancer au cours de sa vie, et plus de 200 000 diagnostics de cancer sont posés au Canada chaque année. Dans le cadre d’un rapport produit en 2017 à l’égard des statistiques canadiennes sur le cancer, la Société a estimé qu’en 2008, le cancer a coûté 3,8 milliards de dollars en soins de santé directs, montant auquel s’ajoutent 586 millions de dollars en coûts indirects associés à la perte de productivité. Ainsi, le cancer a été la maladie la plus coûteuse sur le plan de la perte de productivité attribuable au décès.
D’importants progrès ont été accomplis pour prolonger la vie des personnes atteintes d’un cancer. La survie nette à cinq ans normalisée selon l’âge pour tous les cancers au Canada a augmenté de 7,3 points de pourcentage : elle est passée de 53,0 % pour les cancers diagnostiqués de 1992 à 1994 à 60,3 % pour les cancers diagnostiqués de 2006 à 2008. Tous les principaux types de cancer ont connu des améliorations sur le plan de la survie, dont certaines sont substantielles. Les hausses les plus marquées des taux de survie à cinq ans pendant cette période ont été observées pour le lymphome non hodgkinien (16 points de pourcentage), la leucémie (15 points de pourcentage) et le myélome multiple (14 points de pourcentage).
Bien qu’un dépistage accru ait amélioré la survie (en raison de la détection du cancer à un stade plus précoce) et que les initiatives de santé publique (comme la réduction des taux de tabagisme) aient permis d’éviter des cancers, les progrès dans le domaine des médicaments constituent une autre raison importante de l’augmentation des taux de survie. En fait, une étude réalisée en 2015 a montré qu’en l’absence d’innovations dans le secteur pharmaceutique pendant la période allant de 1985 à 1996, le taux de mortalité prématurée en raison du cancer aurait augmenté d’environ 12 % pendant la période allant de 2000 à 2011.
Au cours des dernières années, deux percées majeures ont été réalisées dans le domaine des médicaments anticancéreux : les traitements ciblés ou personnalisés et l’immunothérapie.
Traitements ciblés (ou personnalisés) : Il s’agit de traitements qui agissent sur une cible génétique ou moléculaire très spécifique qui favorise la croissance du cancer. Les patients peuvent subir au préalable un test de dépistage afin de déterminer si leur cancer appartient à une forme génétique particulière et de leur administrer un médicament spécialement conçu pour traiter ce type de cancer, si un tel médicament existe. C’est la raison pour laquelle on les appelle des « traitements personnalisés ». Généralement, ces traitements permettent d’obtenir de très bons taux de réponse et des résultats encourageants. De nombreux traitements ciblés très spécifiques sont maintenant approuvés pour traiter de multiples cancers, mais de nets progrès ont été accomplis dans les traitements ciblés du cancer du poumon, sans contredit le cancer le plus meurtrier au Canada.
Exemple : L’un des premiers traitements ciblés a été Gleevec® (imatinib, Novartis) dont l’emploi chez les patients atteints de leucémie myéloïde chronique (LMC) a été approuvé en 2001. Cet inhibiteur de la tyrosine-kinase cible l’oncoprotéine BCR-ABL1. Il a été efficace chez de nombreux patients, dans certains cas de façon spectaculaire, mais on a découvert qu’il était encore plus efficace s’il était administré à un stade plus précoce de la maladie. D’autres types d’inhibiteurs de la tyrosine-kinase (ITK) mis au point se sont avérés efficaces chez les patients qui ne répondaient pas à l’imatinib ou avaient développé une résistance à cet agent. Par conséquent, le taux de survie relative à cinq ans est passé de 21 % chez les patients ayant reçu un diagnostic de LMC entre 1973 et 1979 à 80 % chez ceux ayant reçu un diagnostic entre 2001 et 2008, et à 91 % chez ceux ayant récemment reçu un diagnostic qui étaient âgés de moins de 50 ans au moment du diagnostic.
Immunothérapie : Les cellules cancéreuses ressemblent de bien des façons aux agents pathogènes qui attaquent le corps (comme les virus) et sont combattus par le système immunitaire. Il y a plus d’un siècle, des médecins ont remarqué que les patients cancéreux dont le système immunitaire était stimulé pour lutter contre une infection courante présentaient souvent une amélioration de leur cancer. Au cours des dix dernières années, on a développé de nouveaux traitements inhibant différents « points de contrôle » qui freinent ou bloquent le système immunitaire. L’inhibition de ces points de contrôle rend donc le système immunitaire plus actif, ce qui peut s’avérer suffisant chez certains patients pour détruire les cellules cancéreuses. Bien que les patients ne répondent pas tous à ces traitements, parmi ceux qui y répondent, la réponse peut être très spectaculaire. Ce nouveau domaine des traitements anticancéreux est très prometteur et dynamique.
Exemple : L’immunothérapie a été efficace chez de nombreux patients atteints d’un mélanome métastatique, un cancer de la peau très grave dont le pronostic est habituellement très défavorable. En août 2015, l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter a annoncé qu’il était atteint d’un mélanome de stade IV qui s’était propagé à son foie et à son cerveau. Dans le passé, cette maladie aurait causé la mort en quelques mois. L’ancien président Carter a subi une chirurgie du foie et une radiothérapie, et a reçu une nouvelle immunothérapie. En février 2016, après quatre mois de traitement, il a annoncé qu’il était en rémission et qu’il poursuivait normalement ses activités, bien que son emploi du temps soit beaucoup plus chargé que celui de la plupart des personnes de 90 ans (il est né en 1924).
D’autres travaux de recherche innovateurs sur l’utilisation de virus pour attaquer et tuer les cellules cancéreuses et stimuler une réponse immunitaire anticancéreuse sont actuellement menés au Canada, sous la direction du Dr John Bell de l’Hôpital d’Ottawa. Il est fort probable que de telles « biothérapies » deviennent des traitements anticancéreux efficaces dans le futur.
Vaccins contre le cancer : Récemment, une approche novatrice contre le cancer a vu le jour. Il s’agit de l’utilisation de vaccins pour prévenir la maladie. Les vaccins Gardasil® (Merck) et Cervarix™ (GlaxoSmithKline) préviennent les infections par le virus du papillome humain (VPH) responsables du cancer du col de l’utérus. Depuis l’instauration des programmes de vaccination contre le VPH aux États-Unis, le taux d’infection par le VPH chez les filles de 14 à 19 ans a chuté de près des deux tiers, passant de 11,5 % à 4,3 %.
Vaccination préventive
Lorsque les gens pensent aux vaccinations préventives, ce qui leur vient probablement tout d’abord à l’esprit ce sont les premiers vaccins révolutionnaires contre la variole (1796) et la poliomyélite (1954), puis les vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (années 1960) combinés en un seul vaccin dans les années 1970. Depuis lors, d’importants progrès ont été réalisés dans le domaine des vaccins en plus des vaccins contre le cancer mentionnés plus haut. Il s’agit des vaccins contre la varicelle, la pneumonie, le zona et le rotavirus qui ont tous grandement contribué à la prévention des maladies et ont ainsi évité des coûts au système de santé.
Médicaments utiles en chirurgie
Les médicaments ont un rôle essentiel à jouer en contribuant au succès de nombreuses interventions chirurgicales. Parmi ces médicaments, mentionnons les suivants :
- Les anti-infectieux – De nombreuses chirurgies ne pourraient être pratiquées, ou entraîneraient beaucoup plus de complications en raison des infections, sans le recours aux agents anti-infectieux pour prévenir ou traiter les infections postopératoires.
- Les anticoagulants – Un risque sérieux de nombreuses chirurgies, surtout l’arthroplastie de la hanche et du genou, est la survenue de caillots sanguins potentiellement mortels. De nouveaux médicaments permettent de prendre en charge plus facilement et plus efficacement le risque de caillots sanguins, ce qui rend ces chirurgies plus sûres pour les patients.
- Les médicaments anti-rejet – Les greffes d’organes, qui sont devenues des interventions chirurgicales courantes permettant de sauver des milliers de vies chaque année, seraient impossibles sans les médicaments administrés aux receveurs d’une greffe afin d’empêcher le système immunitaire de rejeter le greffon.
Les médicaments sont en train de changer la façon dont on traite de nombreuses maladies.
Retour à l’année 1960
Récapitulons ce module en retournant en 1960, ce qui nous fait reculer près de 60 ans en arrière. Il s’agit tout de même d’une époque de la vie de près du tiers des Canadiens vivant actuellement. Vos parents étaient peut-être des enfants et vos grands-parents étaient dans la fleur de l’âge. Toute personne maintenant âgée de plus de 65 ans se rappelle sûrement cette époque.
John Kennedy était candidat à la présidence des États-Unis contre Richard Nixon. John Diefenbaker était premier ministre du Canada. Aucun humain n’avait été dans l’espace. Les voyages en avion étaient un luxe réservé aux riches. La télévision en était à ses balbutiements. Elizabeth II était reine et, déjà dans la neuvième année de son règne, en voie de devenir le monarque britannique ayant connu le plus long règne de l’histoire.
En 1960, que se passait-il sur le plan des soins médicaux?
Le plus important c’est que même si les gens avaient depuis longtemps le même médecin de famille, ils ne le consultaient ou ne se rendaient à l’hôpital qu’en cas de maladie aiguë ou de blessure. Dans le cadre du système médical de l’époque, on traitait les maladies, les infections, les coupures, les fractures et les autres traumatismes. Il y a avait peu de tests à subir ou dont se soucier, sauf si une maladie survenait.
De plus, il incombait généralement aux Canadiens de payer leurs propres soins médicaux, qu’il s’agisse de consultations médicales, d’hospitalisations ou de médicaments. Un grand nombre bénéficiaient, grâce à leur emploi ou à leur employeur, d’une assurance maladie privée qui couvrait les frais importants – mais ce n’était pas le cas pour bien d’autres. Beaucoup de dettes irrécouvrables ont été annulées par les médecins et les hôpitaux. De nombreuses personnes incapables de payer des soins médicaux s’en passaient tout simplement. Le régime universel d’assurance maladie canadien n’est entré en vigueur qu’à la fin des années 1960.
Les enfants de 1960 pouvaient s’attendre à ce que plusieurs de leurs compagnons de classe, surtout les plus âgés, aient été victimes de la polio. Ils pouvaient avoir un bras paralysé ou boîter à cause d’un handicap à une jambe. La terrible maladie les avait frappés avant l’arrivée du vaccin miracle au Canada.
Les enfants manquaient souvent une ou deux semaines d’école parce qu’ils attrapaient les oreillons, la rougeole, la rubéole ou la varicelle. Certains hommes qui avaient eu les oreillons vers l’âge de la puberté et étaient devenus stériles ont ignoré leur état jusqu’à ce qu’ils tentent d’avoir un enfant. Les femmes désireuses de ne pas avoir d’enfants en 1960 étaient intéressées d’entendre parler d’une nouvelle pilule contraceptive qui venait de faire son apparition aux États-Unis (bien qu’il leur a fallu attendre jusqu’en 1969 pour que sa vente soit autorisée au Canada).
Pour ceux qui pensaient souffrir d’allergies saisonnières, il existait un test de dépistage et il était possible de recevoir une série d’injections pour traiter ces allergies. Il n’existait pas de médicaments sous forme de comprimés. Dans le cas des problèmes de santé mentale, on connaissait peu de choses et il existait peu de traitements efficaces, ce qui imposait un fardeau aux patients et à leur famille également victimes de préjugés. De nombreuses personnes ont été purement et simplement placées en établissement psychiatrique. On pouvait entendre dire qu’un voisin père de famille dans la quarantaine et apparemment en bonne santé suivait un régime strict pour traiter ses ulcères d’estomac. Quelques semaines plus tard, on était surpris d’apprendre qu’il avait succombé à une hémorragie incontrôlée après avoir subi une chirurgie de l’estomac pour traiter les ulcères. Un autre voisin dans la soixantaine, qui disait souvent qu’il devrait surveiller son alimentation (mais ne le faisait pas) parce que son médecin lui avait dit que son « taux de sucre était élevé », pouvait apparaître un jour en fauteuil roulant, sa jambe ayant été amputée sous le genou à cause de complications circulatoires dues à son diabète non maîtrisé.
Un médecin pouvait dire à son patient que sa tension artérielle était élevée et lui prescrire un diurétique à prendre par voie orale plusieurs fois par jour. Mais, ce médicament ne donnait pas de bons résultats et le patient se précipitait constamment aux toilettes. Il y avait alors un risque que le patient arrête un « traitement » qui lui semblait pire que la « maladie » sans symptômes. Il était malheureusement fréquent d’apprendre qu’un homme d’âge moyen, et parfois une femme, était mort subitement d’une crise cardiaque.
C’était la réalité à cette époque.
Leçons à tirer de l’année 1960
Il est important de comprendre le contexte médical en 1960 parce qu’il nous affecte actuellement d’une manière très vitale. Les médicaments ne faisaient pas partie à l’époque et ne font toujours pas partie du régime universel d’assurance maladie élaboré au Canada dans les années 1960 parce qu’on a considéré qu’il était plus réalisable de couvrir les frais médicaux et hospitaliers, comme « seuil minimal », en vertu d’un régime de soins de santé universel, quitte à couvrir ultérieurement les médicaments (et d’autres services comme les soins dentaires).
De nos jours, malgré l’absence d’un régime national universel d’assurance médicaments, le gouvernement fédéral ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux ont tous mis en place des programmes publics d’assurance médicaments. De plus, la majorité des Canadiens ont accès à une couverture relative aux médicaments par l’intermédiaire des régimes privés mis en place par les employeurs. Par conséquent, la presque totalité des Canadiens a accès à une certaine forme de couverture d’assurance quant aux médicaments, comme nous allons le voir plus en détail dans le module 3. Cela dit, même s’ils sont couverts par une assurance médicaments, les Canadiens doivent payer au moins une partie de leurs frais de médicaments. C’est pourquoi les Canadiens sont beaucoup plus au courant des prix des médicaments que des autres types de services de soins de santé.
Il est rare que des questions soient soulevées sur le coût d’un certain type de chirurgie ou de traitement hospitalier parce que les gens n’ont pas à s’inquiéter de leur capacité à payer ces soins. Par exemple, le coût moyen de l’hémodialyse est de 92 000 $ par année pour une personne atteinte d’insuffisance rénale, une affection diagnostiquée chez environ 5 500 Canadiens chaque année. Si l’on ne tient compte que des nouveaux patients ayant besoin d’une dialyse, les coûts de la première année de traitement s’élèvent à 500 millions de dollars pour le système de santé. Rares cependant sont ceux qui connaissent ou remettent en question ces coûts, car ils sont tous couverts par l’assurance maladie.
Il y a aussi beaucoup de confusion entourant la question des prix des médicaments au Canada en général. De nombreux Canadiens ne se rendent pas toujours compte que les médicaments ne font pas toujours partie du régime d’assurance maladie ou ils ignorent que certains médicaments sont couverts et d’autres non.
Les prochains modules du cours traiteront des divers aspects des systèmes médical et juridique canadiens qui influent sur ces prix.
Cependant, un élément fondamental de la discussion sur les prix des médicaments est de faire connaître et comprendre les immenses avantages que nous retirons des milliers de médicaments maintenant disponibles pour traiter et prévenir tant d’affections, ce qui permet à tous de vivre en meilleure santé plus longtemps et de façon plus productive.
Oui, il y a un prix à payer, mais il ne faut pas perdre de vue les immenses avantages.
Résumé du module
La santé et la durée de vie des Canadiens ont radicalement changé au cours du dernier siècle. L’espérance de vie moyenne a augmenté de 45 % de 1921 à 2011 et un Canadien qui atteint l’âge de 55 ans peut s’attendre à vivre jusqu’à 84 ans. Cette situation a d’importantes répercussions sur le système de santé canadien.
Bien que certaines des principales causes de mortalité d’il y a un siècle aient été éliminées, une plus grande espérance de vie et des ressources plus importantes ont entraîné une forte hausse des taux de cancer, ainsi que d’obésité et de diabète, là encore avec de fortes répercussions sur le système de santé canadien.
Les nouveaux médicaments ont eu un impact positif considérable dans de nombreux domaines thérapeutiques. L’un des plus beaux exemples de réussite est le taux de mortalité des maladies cardiovasculaires qui diminue à un rythme de 3 % par année depuis les 50 dernières années, ce qui représente une réduction totale du taux de mortalité de 77 % de 1960 à 2009. Les nouveaux médicaments ont joué un rôle majeur dans la réduction des facteurs de risque cardiovasculaires et le traitement des maladies.
De nouveaux médicaments et vaccins ont également permis d’améliorer considérablement les soins et la prévention du diabète, des problèmes de santé mentale, de la polyarthrite rhumatoïde et de l’hépatite C, et ont facilité de nombreux types de chirurgie. Les nouveaux médicaments utilisés pour combattre l’épidémie du VIH/SIDA des années 1980 et 1990 ont joué un rôle sans précédent et ont été incroyablement efficaces.
Bien que les taux de cancer soient à la hausse en partie parce que les gens vivent plus longtemps, les nouveaux traitements ont contribué de diverses manières à améliorer les taux de survie. Deux importants nouveaux types de traitements anticancéreux sont les traitements ciblés et l’immunothérapie, auxquels s’ajoutent les vaccins contre le cancer du col de l’utérus causé par le VPH.
La pratique de la médecine a grandement évolué au cours des 50 dernières années, les produits pharmaceutiques et les vaccins jouant un rôle clé pour améliorer et sauver des vies et permettre aux Canadiens de vivre plus longtemps et en meilleure santé que jamais. Quand il est question de la façon dont les individus, les entreprises et les systèmes de santé paient les coûts des médicaments, il faut toujours garder à l’esprit les énormes bienfaits que les médicaments procurent.