Module 1. Facteurs qui influent sur le système de santé
CHAPITRE 1 – LA LOI CANADIENNE SUR LA SANTÉ
RÉSUMÉ
En vertu de la constitution canadienne, les soins de santé relèvent principalement des provinces.
La Loi canadienne sur la santé a été adoptée en 1984 afin d’assurer l’universalité, l’accessibilité, la transférabilité, l’intégralité et la gestion publique des services offerts aux Canadiens en matière de services de santé. Elle décourage les provinces ou les territoires d’instaurer une surfacturation et des tickets modérateurs pour les services de santé assurés. Les provinces et les territoires qui dérogent à l’un ou l’autre des cinq principes de la Loi canadienne sur la santé encourent des pénalités discrétionnaires.
EN BREF…
Une question d’accès : « La politique canadienne de la santé a pour premier objectif de protéger, de favoriser et d’améliorer le bienêtre physique et mental des habitants du Canada et de faciliter un accès satisfaisant aux services de santé, sans obstacles d’ordre financier ou autre. » (Article 3 de la Loi canadienne sur la santé)
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Après avoir lu le présent chapitre, vous serez en mesure :
- de comparer les rôles et les compétences respectifs des gouvernements fédéral et provinciaux relativement au financement et à la prestation des soins de santé; et
- d’énumérer les cinq principes des soins de santé contenus dans la Loi canadienne sur la santé.
RESPONSABILITÉS FÉDÉRALES ET PROVINCIALES
En vertu de la constitution canadienne et de son interprétation par les tribunaux, les provinces exercent la responsabilité et le pouvoir constitutionnels exclusifs d’administrer le système de santé et de fournir les soins1.
Les seules mentions constitutionnelles explicites en matière de soins de santé accordent au gouvernement fédéral la compétence en ce qui concerne les hôpitaux de la marine et la quarantaine.
Le gouvernement fédéral est aussi responsable de la prestation de services de santé aux groupes qui relèvent de sa compétence, comme les Autochtones, les Forces canadiennes, les anciens combattants ainsi que les détenus des pénitenciers fédéraux.
Cependant, le gouvernement fédéral est en mesure d’exercer son autorité en matière de soins de santé parce qu’il remet chaque année des milliards de dollars aux provinces pour soutenir la prestation des services de santé publics.
Tant que les provinces adhèrent aux critères de la Loi canadienne sur la santé, elles continuent à recevoir les transferts fédéraux. Sinon, le gouvernement fédéral peut suspendre son soutien financier.
LE SAVIEZ-VOUS?
Les gouvernements fédéral et provinciaux assument des responsabilités fort différentes en matière de soins de santé. Des divergences d’interprétation au sujet de ces responsabilités suscitent des débats juridictionnels qui peuvent avoir un impact sur les relations fédérales-provinciales.
LES CINQ PRINCIPES EN MATIÈRE DE SOINS DE SANTÉ
Les provinces et les territoires doivent respecter cinq grands principes visant à assurer que les Canadiens n’aient pas à subir de contraintes d’ordre financier ou autres vis-à-vis des soins de santé nécessaires. Si les provinces et les territoires dérogent à l’un ou l’autre de ces principes, qui sont décrits dans la Loi canadienne sur la santé, ils s’exposent à la perte des transferts substantiels effectués par le fédéral en matière de soins de santé.
- Gestion publique – Les services liés au programme d’assurance maladie d’une province ou d’un territoire doivent être gérés par une autorité publique sans but lucratif.
- Intégralité – Tous les services « médicalement nécessaires » fournis par les hôpitaux et les médecins doivent être assurés.
- Universalité – Toutes les personnes admissibles au sein d’une province ou d’un territoire doivent avoir accès à l’assurance maladie publique selon des modalités uniformes.
- Transférabilité – La couverture des services assurés doit être maintenue lorsqu’une personne assurée déménage ou voyage ailleurs au Canada ou voyage à l’extérieur du pays.
- Accessibilité – Les personnes assurées doivent avoir un accès raisonnable aux services « médicalement nécessaires » dispensés par un hôpital ou un médecin, et ne doivent faire face à cet égard à aucun obstacle financier ou autre.
Par exemple, si une province autorise l’imposition de tickets modérateurs à raison de 5 millions de dollars au cours d’une année, le gouvernement fédéral réduira alors du même montant le financement annuel qu’il verse à cette province relativement aux soins de santé2.
RÉCAPITULATION
-
- Le gouvernement fédéral édicte et administre les normes nationales de soins de santé.
- Les provinces et les territoires gèrent et fournissent les services de santé.
- La surfacturation et les tickets modérateurs sont perçus comme des obstacles ou des empêchements à l’accès aux soins médicaux. Ces pratiques sont donc déconseillées en vertu de la Loi canadienne sur la santé.
- Les seules mentions constitutionnelles explicites en matière de soins de santé accordent au gouvernement fédéral la compétence en ce qui concerne les hôpitaux de la marine et la quarantaine.
NOTES
- Bibliothèque du Parlement, La Loi canadienne sur la santé : Aperçu et options, 16 juin 2003 (http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/944-f.htm#BRole) (site consulté le 15
juillet 2010) - Fogden, Scott et Jay Makarenko, Canadian Federalism and Public Health Care: The Evolution of Federal-Provincial Relations, http://www.mapleleafweb.com/features/canadianfederalism-and-public-health-care-evolution-federal-provincial-relations (site consulté le 15 juillet 2010)
CHAPITRE 2 – ORGANISATION ET STRUCTURE DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
RÉSUMÉ
Le Canada est une fédération décentralisée comprenant différents niveaux de gouvernement, qui constituent des autorités distinctes. En vertu de la Constitution, chaque niveau de gouvernement administre ses propres domaines de responsabilité et de pouvoir, c’est-à-dire ses sphères de compétence. Les lois sont votées au Parlement, un corps législatif bicaméral qui consiste en une chambre haute et une chambre basse.
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Après avoir lu ce chapitre, vous serez en mesure :
- de donner un aperçu de la structure politique du Canada.
- d’expliquer la répartition des pouvoirs entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
RÉPARTITION DES POUVOIRS ENTRE LES GOUVERNEMENTS FÉDÉRAL ET PROVINCIAUX
Le Canada est une fédération décentralisée. La responsabilité législative y est partagée entre un gouvernement fédéral, dix gouvernements provinciaux et trois gouvernements territoriaux. Chacun de ces niveaux de gouvernement assume ses propres responsabilités relativement à la planification et à la mise en oeuvre des soins de santé et à l’interprétation des lois connexes (Tableau 1).
En vertu de la Constitution, la compétence fédérale a la responsabilité de veiller à ce que la population ait accès aux services de santé à l’échelle nationale et la responsabilité de transférer des fonds et d’élaborer des politiques en matière de santé. Les gouvernements provinciaux ont la responsabilité de fournir les soins de santé. Chaque niveau de gouvernement doit respecter les sphères de compétence des autres niveaux. Le gouvernement fédéral, par exemple, ne peut promulguer de lois dans les domaines de compétence provinciale, et vice versa.
EN BREF…
Le gouvernement fédéral exerce son influence sur le système de santé grâce à son pouvoir de dépenser, tel qu’il est décrit dans la Loi canadienne sur la santé.
Une entente d’une telle complexité rend les conflits inévitables. Ceux-ci portent habituellement sur des questions d’autonomie provinciale en matière d’établissement de politiques, ou sur le niveau de financement fourni. Toutefois, il est généralement admis que les soins de santé doivent être accessibles (même s’il y a souvent désaccord sur la façon de définir l’accessibilité) et que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer en ce sens.
Des initiatives fédérales/provinciales/territoriales (FPT) sont souvent mises sur pied pour approuver conjointement les intérêts et les programmes relatifs à la santé.
LE SAVIEZ-VOUS?
En vertu de la constitution canadienne, les services de santé sont de compétence provinciale et territoriale.
STRUCTURE DU PARLEMENT
Le Canada est une démocratie parlementaire dotée d’une législature bicamérale, c’est-à-dire qu’elle est constituée de deux chambres : une chambre haute, appelée le Sénat, et une chambre basse, appelée la Chambre des communes. Le Parlement se compose de trois entités distinctes : la Couronne, représentée au Canada par le Gouverneur général, le Sénat et la Chambre des communes (Figure 1).
Sénat
Le Sénat est la chambre haute du Parlement. Ses membres sont nommés par le Gouverneur général sur recommandation du premier ministre, pour représenter les provinces et les territoires du Canada. Ce qui ne veut pas dire que le Sénat jouisse de pouvoirs plus étendus que la Chambre des communes – en fait, ceux-ci sont plus restreints.
Le Sénat doit approuver tous les projets de loi votés à la Chambre des communes avant qu’ils ne deviennent des lois, mais en réalité, il est rare qu’il rejette un projet de loi voté à la chambre démocratiquement élue. Sa principale fonction est de constituer un forum où puisse se faire un « second examen objectif » des projets de loi, et de recommander des modifications législatives.
EN BREF…
La Loi constitutionnelle de 1867 précise quels sont les domaines de responsabilité des provinces. Tout domaine qui n’est pas mentionné parmi ces responsabilités est désigné sous le nom de compétence non attribuée et relève de la compétence fédérale. Aux États-Unis, les compétences non attribuées sont dévolues aux états.
Chambre des communes
La Chambre des communes est la chambre basse, dont les membres sont élus. Elle adopte le budget et promulgue les lois visant à approuver les dépenses et l’orientation des politiques de façon générale. Dans ce cadre, le ministre de la Santé dispose d’un budget de financement du système de santé national.
La Chambre des communes comprend aussi un Comité permanent sur la santé, dont les membres proviennent de tous les partis politiques. Tout projet de loi relatif à la santé doit être étudié et approuvé par le Comité permanent sur la santé au cours du processus d’approbation législatif. C’est dans le cadre des délibérations du Comité que les témoins experts présentent leur point de vue sur l’impact des lois proposées dans leur domaine d’intérêt.
Pouvoir exécutif
Le pouvoir exécutif est dévolu à la Couronne et exercé par le gouverneur en conseil, formé du premier ministre et du Cabinet. C’est au sein du pouvoir exécutif que l’on élabore la planification et les stratégies nationales relatives à la santé. La personne la plus influente dans ce domaine est le ministre de la Santé, dont le mandat est de fixer les orientations en matière de soins de santé, à l’échelon fédéral.
Pouvoir judiciaire
La Cour suprême du Canada peut être appelée à se prononcer sur la constitutionnalité des lois adoptées par le Parlement et les assemblées provinciales. Un exemple en est fourni par le jugement Chaouilli : un médecin du Québec a contesté la constitutionnalité d’une loi provinciale empêchant l’un de ses patients d’obtenir des services de santé auprès du secteur privé – ces services ne pouvant être fournis dans un délai raisonnable par le système public1.
RÉCAPITULATION
-
- Le Canada est une démocratie parlementaire dotée d’une législature bicamérale qui consiste en une chambre haute (le Sénat) et une chambre basse (la Chambre des communes).
- Le Canada est une fédération décentralisée dans laquelle le pouvoir est partagé entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. En vertu de la constitution, le gouvernement fédéral est responsable d’assurer l’accès aux soins de santé, tandis que les provinces sont responsables de la prestation des soins de santé.
NOTES
1 http://www.iedm.org/main/show_mediareleases_en.php?mediareleases_id=81 (site consulté le 16 juillet 2010)
CHAPITRE 3 – TENDANCES ÉCONOMIQUES ET DÉPENSES NATIONALES EN SANTÉ
RÉSUMÉ
Devant l’augmentation continuelle des coûts dans les soins de la santé, les provinces comptent sur le gouvernement fédéral pour qu’il augmente son financement et instaure des mesures pour juguler les coûts des soins qui relèvent de leurs propres compétences. Cette situation va se poursuivre en raison du vieillissement de la population et exercer une plus grande pression sur le système de santé. Les gouvernements devront trouver des moyens plus des efficaces d’administrer le système.
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Après avoir lu le présent chapitre, vous serez en mesure :
- d’identifier les trois secteurs dans lesquels la majorité des dépenses nationales en santé sont effectuées;
- d’expliquer comment l’industrie pharmaceutique peut répondre aux stratégies gouvernementales en matière de maîtrise des coûts dans la santé.
L’ÉCONOMIE CANADIENNE
Le Canada consacre une part importante de son PIB (10,7 % en 2008) aux soins de santé. Des organismes internationaux comme l’OCDE et le FMI recommandent des mesures de maîtrise des coûts pour contrôler la hausse des dépenses1. Les provinces, qui dépensent aussi proportionnellement d’importantes sommes dans la prestation des soins de santé, sont en train de mettre en oeuvre des stratégies de maîtrise des coûts. Les dépenses pharmaceutiques sont un secteur dans lequel les provinces cherchent et continueront de chercher à faire des économies.
EN BREF…
Pour faire face aux coûts croissants des soins de santé, les provinces se dotent de stratégies vigoureuses de compression des coûts, qui ont une incidence sur des postes budgétaires importants comme les dépenses consacrées aux médicaments d’ordonnance.
LES DÉPENSES NATIONALES EN SANTÉ
Les dépenses de santé fluctuent depuis les 30 dernières années. Au milieu des années 1990, alors que les finances du pays étaient en piteux état, le gouvernement fédéral a fait d’importantes coupures dans ses transferts en matière de santé et de programmes sociaux. Les dépenses ont repris à la suite d’une série d’accords en matière de santé entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux intervenus en 2000, 2003 et 2004.
La croissance continue de la demande de soins de santé au Canada a axé de plus en plus l’attention sur les coûts de la prestation de ces soins. La majorité des dépenses nationales en santé s’effectuent dans trois secteurs principaux2 :
- Hôpitaux : les dépenses consacrées aux hôpitaux représentent la plus grande part des dépenses de santé, et ce, malgré que leur part des dépenses totales soit passée de 45 % au milieu des années 1970 à moins de 30 % en 2010.
- Médicaments : les dépenses consacrées aux médicaments représentent l’un des secteurs de dépenses de santé qui accuse la plus forte hausse, ayant passé de 9,5 % des dépenses totales qu’elles représentaient au milieu des années 1980 à plus de 16 % en 2010.
- Médecins : les services dispensés par les médecins représentaient le troisième secteur en importance des dépenses totales en santé avec un peu plus de 13 % des dépenses totales en 2010. Les dépenses du secteur public consacrées aux services dispensés par les médecins sont demeurées supérieures à 98 % des dépenses totales dans ce secteur depuis 1975.
LE SAVIEZ-VOUS?
Les dépenses de santé effectuées par les provinces représentent une proportion relativement élevée du produit intérieur brut et elles sont en progression.
FINANCEMENT PUBLIC/PRIVÉ DU SYSTÈME DE SANTÉ
Le système de santé canadien est financé tant par le secteur public que par le secteur privé.
Le financement public comprend les paiements effectués par les gouvernements fédéral, provinciaux/territoriaux et municipaux, ainsi que par les Commissions des accidents du travail et autres systèmes de sécurité sociale.
Le financement privé se compose principalement des dépenses de santé effectuées par les ménages et les assureurs privés. Ce financement a trois composantes distinctes :
- les dépenses assumées par les ménages
- les dépenses assumées par les assureurs avec ou sans but lucratif
- les dépenses autres que la consommation
VARIATIONS DANS LES DÉPENSES DE SANTÉ DES PROVINCES
Les dépenses de santé par habitant varient largement selon les provinces et les territoires, et ce, en raison d’un certain nombre de facteurs, notamment :
EN BREF…
En raison de leurs vastes superficies et de leurs faibles densités de population, les dépenses de santé par habitant sont plus élevées dans les territoires.
QUELLES SONT LES RÉPERCUSSIONS POUR L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE?
Selon l’Institut Fraser, si l’on se fonde sur les tendances actuelles, les soins de santé consommeront un pourcentage croissant des budgets des gouvernements provinciaux au cours des prochaines décennies. Devant cette tendance, la croissance continuelle de la participation du secteur privé dans le financement et la prestation des services de santé reste à surveiller. Malgré le débat en cours
sur le rôle du secteur privé, celui-ci joue un rôle significatif dans le système. Il se dépense plus d’argent en médicaments d’ordonnance dans le secteur privé que dans le secteur public.
Au même moment, les gouvernements poursuivent leurs stratégies de compression des coûts, dont la restriction des listes de médicaments qui rend plus difficile aux sociétés pharmaceutiques la tâche de faire inscrire de nouveaux produits sur les listes de médicaments publiques. Les stratégies de remboursement favorisant l’usage de médicaments génériques moins coûteux sont d’autres des nombreuses stratégies de réduction des dépenses.
Devant ces stratégies vigoureuses de maîtrise des coûts adoptées par les payeurs publics provinciaux, l’industrie pharmaceutique est mise au défi de démontrer la valeur de ses médicaments novateurs pour endiguer l’érosion constante de l’accès.
Si les stratégies de compression des coûts permettent d’exercer un contrôle des dépenses de santé, elles n’aboutissent pas nécessairement à des résultats optimaux pour la population. L’industrie pharmaceutique a donc l’occasion de démontrer la valeur des médicaments au moyen d’études pharmacoéconomiques qui présentent les dépenses de médicaments comme un investissement susceptible de réduire les coûts dans d’autres composantes du système, en particulier dans les hôpitaux, plutôt que comme des coûts à maîtriser.
L’industrie pharmaceutique peut réagir aux stratégies de maîtrise des coûts en adoptant diverses mesures, notamment :
EN BREF…
Le taux de croissance des dépenses consacrées aux médicaments peut être positif pour les patients et le commerce, mais il a tendance à déclencher le recours à des stratégies de compression des coûts par les gouvernements provinciaux à court d’argent, ce qui a pour effet de limiter l’accès général.
RÉCAPITULATION
-
- Le Canada consacre une part importante de son PIB aux soins de santé en comparaison d’autres pays développés.
- Les gouvernements fédéral et provinciaux poursuivent leurs stratégies de maîtrise des coûts pour contrôler les dépenses, particulièrement en ce qui concerne les dépenses consacrées aux médicaments.
- Les hôpitaux représentent la plus grande part des dépenses. Ils sont suivis des médicaments et des services des médecins.
- Les dépenses de santé varient beaucoup parmi les provinces et les territoires.
- L’industrie pharmaceutique peut répondre aux stratégies de compression des coûts en démontrant la valeur de ses médicaments novateurs comme des investissements capables de réduire les coûts ailleurs dans le système de santé.
NOTES
- IMS Health Canada, PharmaFocus 2009 Update, p. 3
- L’Institut canadien d’information sur la santé, Tendances des dépenses nationales en santé, 1975 à 2010, 2010
CHAPITRE 4 – TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES
RÉSUMÉ
L’âge médian de population canadienne augmente. Avec l’arrivée à la retraite de la génération des baby-boomers, le système de santé sera confronté à des exigences croissantes et nouvelles. Les gouvernements commencent déjà à réagir en réaménageant la façon de dispenser les soins de santé primaires. De nouvelles méthodes seront nécessaires pour répondre aux attentes grandissantes quant aux services que le système doit être en mesure d’offrir.
OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Après avoir lu le présent chapitre, vous serez en mesure :
- de décrire les tendances démographiques et leur incidence sur le système de santé et l’industrie pharmaceutique.
- d’expliquer comment l’industrie pharmaceutique peut répondre aux défis que représente le vieillissement de la population.
EN BREF…
L’Institut du vieillissement donne à entendre que les dépenses de santé progressent à un rythme raisonnable, compte tenu de la croissance économique prévue. Ces projections tiennent compte des changements attendus dans l’offre et la demande de services de santé.
LE VIEILLISSEMENT ET LE SYSTÈME DE SANTÉ
Selon les projections de Statistique Canada, la population canadienne pourrait dépasser les 40 millions d’ici 20361. On prévoit que le vieillissement de la population va s’accélérer rapidement, car la génération entière des babyboomers entière aura atteint 65 ans au cours de cette période. Le nombre de personnes âgées pourrait plus que doubler et dépasser ainsi le nombre d’enfants pour la première fois de l’histoire.
De 1956 à 2006, l’âge médian de la population canadienne est passé de 27,2 à 38,8 ans. Cela représente un gain de plus de 10 ans sur une période de 50 ans. D’ici 2056, l’âge médian devrait atteindre 46,9 ans, soit 20 ans de plus qu’en 19562. Les pressions démographiques sur le système de soins de santé sont souvent perçues comme un problème qui se profile à l’horizon. Dans les faits, cependant, les effets du vieillissement de la population se manifestent déjà alors que les plus âgés des baby-boomers commencent à imposer une pression grandissante sur le système. Cette situation a été amplifiée par le conservatisme financier des années 1990 alors que tous les échelons de gouvernement s’employaient alors à maîtriser déficit et dette. Les dépenses de santé, l’un des postes budgétaires où l’on constatait les hausses les plus rapides, constituaient à cet égard une cible de compression toute désignée.
À l’aube du nouveau millénaire, les gouvernements provinciaux ont entrepris de réformer leurs systèmes de santé respectifs, afin de répondre aux pressions financières et démographiques ainsi qu’à l’arrivée des nouvelles technologies. On affecte maintenant plus de ressources à la prestation des soins primaires dans le cadre de réseaux de service intégrés. Les soins à domicile et les autres services communautaires sont une façon nettement plus rentable d’intervenir auprès de la clientèle âgée que la prestation de ces mêmes services en établissement.
Au fur et à mesure que la population vieillira, il est probable que des ressources de plus en plus importantes seront transférées vers des modes de prestation de services moins onéreux que le réseau hospitalier. L’un des moyens les plus efficaces de favoriser cette transition consiste à déplacer la gestion de la prestation des services à l’échelle locale, une tendance observée dans les provinces depuis quelques années. L’instauration en Ontario de réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) et, au Québec, de groupes de médecine familiale (GMF) sont des exemples de cette tendance.
EN BREF…
Les personnes de la génération des baby-boomers sont nées entre 1946 et 1964. Cette génération regroupe environ six millions de Canadiens. À l’heure actuelle, le groupe d’âge le plus nombreux au Canada est celui des 40 à 44 ans, suivi des 45 à 59 ans.
QUELLES SONT LES RÉPERCUSSIONS POUR L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE?
Le vieillissement de la population pose des défis particuliers à l’industrie pharmaceutique. Les baby-boomers forment la première génération à avoir participé au financement et au développement du système de santé pendant toute sa vie professionnelle. Ils entretiennent en conséquence de grandes attentes quant aux types de services qui devraient être accessibles. Cette génération dispose aussi d’un revenu relativement élevé. Les baby-boomers ne sont guère disposés à tolérer les lacunes du système de santé, et nombre d’entre eux peuvent se permettre de chercher au besoin d’autres sources de services, même à l’extérieur du Canada. Ils peuvent être plus disposés que leurs aînés à payer de leur poche des médicaments et des services, et plus réceptifs à une certaine forme de soins privés.
Une occasion s’offre donc à l’industrie pharmaceutique de mettre au point des médicaments et des services adaptés aux besoins de cette population émergente, plus autonome et mieux informée − des besoins que le système de santé actuel ne parvient pas à combler entièrement.
L’industrie pharmaceutique peut notamment contribuer à améliorer la santé des patients et à enrichir l’information sur les médicaments par des collaborations avec les médias, les associations de patients, le personnel infirmier et les pharmaciens, ainsi qu’avec les autres intervenants du secteur. Les sociétés pharmaceutiques peuvent contribuer davantage à l’élaboration de documents d’information sans mention de marque à l’intention des patients, des programmes de conformité, des sites Web et, s’il y a lieu, des publicités directes auprès des consommateurs.
Il existe des craintes que le vieillissement de la population donne lieu à une hausse marquée de la consommation de médicaments chez les personnes âgées et exerce des pressions connexes sur les budgets de la santé. Cette situation exerce une pression sur les dépenses en produits pharmaceutiques; elle limite également l’inscription des nouveaux médicaments sur les listes publiques et, par conséquent, la disponibilité des nouveaux médicaments. Les payeurs publics et privés d’assurance médicaments modifient leurs stratégies de remboursement pour répondre aux pressions relatives à la compression des coûts.
L’industrie pharmaceutique a donc intérêt à soutenir les efforts visant à définir des pratiques optimales en matière de consommation de médicaments et à développer des produits rentables et novateurs qui favoriseront ces pratiques optimales chez les personnes âgées.
EN BREF…
L’Institut du vieillissement des Instituts de recherche en santé du Canada croit que l’augmentation annuelle des dépenses de santé occasionnées par une population vieillissante est viable étant donné les prévisions de croissance économique actuelles.
RÉCAPITULATION
-
- D’ici 2036, l’âge médian de la population canadienne sera de 42 à 45 ans.
- Les gouvernements provinciaux sont en train de revoir leur manière de fournir les soins de santé devant la demande croissante d’une population vieillissante.
- L’industrie pharmaceutique a donc l’occasion de développer des médicaments et des services qui répondront aux besoins d’une population vieillissante bien informée.
NOTES
- http://www.nationtalk.ca/modules/news/article.php?storyid=31589 (site consulté le 16 juillet 2010)
- Statistique Canada, Quelques aspects de la composition démographique et ethnoculturelle de la population, http://www.statcan.gc.ca/pub/91-003-x/2007001/4129904-fra.htm (site consulté le 28 septembre 2010)